A « L’école du spectateur », pour un film culte (+)

Regarder un film, c’est bien. Apprendre à le regarder, c’est encore mieux ! C’est pourquoi l’équipe du Zoom propose d’initier les spectateurs, afin qu’ils puissent développer leur sens critique, aiguiser leur regard. Observer tel ou tel aspect du film, comme le cadrage, la musique, la mise en scène et bien d’autres détails, permet d’acquérir une vision différente et surtout plus pointue de l’œuvre cinématographique. « L’école du spectateur ne distribue pas de notes, seulement du plaisir et de l’imagination en plus. » Qu’on se le dise ! Pour la mise en pratique de cette idée de « cinéma : mode d’emploi », le Zoom projetait jeudi soir un grand classique du 7ème art : « To Be or Not To Be », réalisé par Ernst Lubitsch en 1942. C’est une comédie sur un sujet grave, tournée alors qu'Hitler mettait l'Europe à feu et à sang et que l'issue de la guerre était encore incertaine. « Une troupe de théâtre met en scène un sosie d’Hitler au moment où il envahit la Pologne… Ou l’audace de la comédie satirique. »

Intervenant : Jean-Jacques Bernard

Un débat fut ensuite animé par Jean-Jacques Bernard. Editorialiste au magazine Première et chroniqueur sur France-Inter pendant de nombreuses années, il a signé plus de trente documentaires sur le cinéma. Rédacteur en chef du magazine Viva Cinéma, il présente les films sur Ciné+ Classic. Auteur de plusieurs ouvrages, Jean-Jacques Bernard est le vice-président du Syndicat Français de la Critique de Cinéma. Il préside également l’association Fenêtres sur Cour, qui gère le Zoom.

En préambule, un rappel sur le contexte du film : les Etats-Unis ne sont pas encore entrés en guerre, en 1942. A sa sortie, après guerre en 1945, la version française du film avait pour titre « Jeux dangereux ». L’histoire se déroule à Varsovie, en 1939. Ernst Lubitsch, Juif d’Europe centrale, d’origine, cherche à alerter l’Amérique et se livre à une critique virulente d’Hitler. « Pouvoir, contre-pouvoir » est également une grande question. Et quel jeu tragique, que le « suivisme » … Acteur à 17 ans, Lubitsch se rend compte très tôt de la puissance du cinéma, pour répandre des idées. Sa grande intelligence lui permet de mettre au point la fameuse « Lubitsch touch », cette façon bien à lui de créer une connivence avec son public.

                                              Jean-Jacques Bernard animait magistralement le débat, à l’issue de la projection.